vendredi 10 mars 2017

Les mamans indignes et cie...

Vous pouvez les lires sur des blogs, Facebook et même dans des livres. Vous les avez probablement déjà entendu à la radio ou vues à la télévision: les mamans indignes sont parmi nous! On va régler une chose tout de suite: je n’ai absolument rien contre le fait de dépeindre avec une bonne dose d’humour des situations courantes de la vie de parent. Au contraire, je crois que prendre la vie avec un grain de sel et avoir un sens de l’autodérision est indispensable à tout parent moderne!
Là où ça me dérange, c’est que l’inverse n’est malheureusement pas autant vrai. Je ne vois pas souvent passer des publications valorisants le rôle de mère, ou faisant l’éloge de la maternité (et je ne parle pas ici que du ‘’congé de maternité’’ là... on parle de maternité dans son ensemble, même quand votre petit dernier est entré à l’école!).
Personnellement, j’ai essayé plusieurs choses dans ma vie, mais jamais aucune ne m’a donner le sentiment d’accomplissement personnel autant que quand je suis à la maison avec mes enfants. J’ai toujours eu un sentiment de manque, de vide quand je travaillais à l’extérieur, me sentant coupable de ne pas être avec eux. J’ai toujours l’impression qu’ils ont besoin de moi, de ma présence. Je ne parle pas ici d’avoir envie de contrôler leur vie et de savoir à chaque seconde ce qu’ils font et avec qui ils sont! Mais de ‘’parker’’ mes enfants 50h par semaine dans une garderie ou à l’école, service de garde inclus, n’a jamais été synonyme de bonheur pour moi. Encore moins de normalité.
Faire les devoirs sur un coin de table à 19h et passer les seuls moments que j’ai avec eux à stresser et à les pousser pour se dépêcher dans notre routine infernale….ça ne me convient pas à moi. Je suis incapable de les voir partir à 6h40 avec leur boîte à lunch et de les revoir vers 18h! Je ne veux pas passer mes fins de semaines à faire l’épicerie, le lavage et le ménage pour prendre de l’avance sur la semaine qui s’en vient. Au contraire, je suis heureuse de pouvoir faire dîner mes enfants à la maison avec moi tous les jours, de ne pas envoyer ma plus jeune à la garderie, de savoir qu’à 16h les devoirs et leçon sont terminé et que mon souper sera prêt à 17h. Que mon homme qui travaille à l’extérieur pour plusieurs semaines va revenir et trouver la maison impeccable (hum hum…mouais…. On en reparlera plus loin ok?) et le gazon tondu. Je peux offrir ma présence à l’école de mes enfants, aller à la bibliothèque et faire du bricolage avec la plus jeune. Mon lavage est (la plupart du temps!) à jour et mon épicerie est faite le jeudi. La fin de semaine, je la passe en famille, à relaxer avec mon homme ou à faire des activités avec les enfants. Je vais dehors tous les jours, je marche avec le chien, je sors les poubelles et j’ai même le temps de trier mon recyclage et faire du compostage! Quand mon enfant est malade, ce n’est pas la débandade pour savoir qui manquera sa réunion au bureau pour rester à lui frotter le dos…
J’ai essayé de travailler. Vraiment, je vous le jure! Mais je n’étais pas heureuse. Je me suis sentie pousser, stresser, comme si je devais faire passer ma job avant ma vie à moi! Ce n’est pas pour moi. Être maman à la maison, j’ai ça dans les tripes. D’ailleurs, lorsque j’étais à la fin de mes études secondaires, on m’a demandé de faire des choix pour orienter mon avenir :
-Qu’est-ce que tu veux faire plus tard?
-Être maman, avoir un grand terrain, pleins d’enfants et m’occuper d’eux!
-Oui c’est bien. Mais je veux dire, ton travail, qu’est-ce que ça va être?
Déjà, à 16-17 ans, le monde, aussi bienveillant fut-il, m’indiquait clairement que mon choix n’en n’était pas vraiment un. Peut-être que si l’on changeait un peu notre vision des choses, plusieurs femmes se sentiraient beaucoup plus valorisée, accomplies aujourd’hui. Parce que je ne suis pas la seule qui s’est fait dire de telles choses. Et c’est autant valable une fois adulte! Combien de fois il m’est arrivé, lors d’une nouvelle rencontre, de me faire demander ce que je fais dans la vie :
-Je suis maman.
-Oui super! Mais je veux dire, ton travail, qu’est-ce que c’est?
-Et bien, c’est ça! Je suis maman!
- …..
Habituellement, mon interlocuteur se trouve une excuse plate et me plante là pour le reste de la soirée. Tsé, une mère au foyer, ça ne doit pas avoir grands sujets de conversation mis à part parler de caca et de téléromans plate hein? Mouais…..
J’ai été chanceuse dans mon parcours, car j’ai eu des conjoints qui avaient les mêmes valeurs que moi concernant ma présence auprès des enfants. Ayant eu mon premier fils très jeune, j’ai terminé mes études universitaires via la Téluq. Je me souviens avoir passé des nuits entières à travailler sur mes devoirs et mes lectures obligatoire tout en allaitant la petite dernière. De 2004 à 2010, j’ai eu 4 enfants et obtenu mon certificat en psychologie. Je me disais que, advenant une séparation, je serais à même de me débrouiller pour faire vivre tout mon petit monde avec mon diplôme en poche. Deux ans plus tard, la vie m’a effectivement donné raison : le divorce m’a frappé de plein fouet avec tous les dommages collatéraux que cela implique. J’ai intégré le marché du travail alors que ma plus jeune n’avait pas tout à fait 2 ans et j’ai trouvé cela terriblement difficile. Mais la vie est bien faite et, depuis un peu plus d’un an, je suis enfin de retour à la maison et je peux m’occuper de ma famille à temps plein, comme je l’ai toujours souhaité.
Ce n’est pas donné à tout le monde, mais moi j’aime ça, canner ma batch de sauce à spaghetti pis faire des biscuits pour la collation. Ok, ce n’est pas toujours rose ni facile. Y a des jours c’est le tsunami dans la maison, je suis crevée et je ne peux même pas aller aux toilettes toute seule! Le chien a pilé dans le vomi du petit et l’école m’a téléphoné pour me rencontrer une fois de plus sur le comportement de l’ainé… Mon lavage est dans le panier depuis 3 jours, attendant d’être plié, et je n’ai pas fait la litière du chat parce que j’étais trop occupé à essayer de survivre à ma fatigue! Il y a des jours, je me sens si seule que d’avoir une conversation avec la moufette sur le terrain du voisin serait plus inspirant que de parler seule face aux murs de ma maison! Dans ces moment-là, je me souviens de ce qu’était ma vie d’avant, celle où je travaillais ou était aux études universitaires tout en essayant de tenir le fort, seule. Les enfants étaient plus souvent avec leur éducatrice qu’avec moi parce que le peu de temps que j’avais pour moi, je le passais à dormir ou à pleurer tellement j’étais épuisée. Oui le partage des tâches est quelque chose d’important, mais parfois, le faire de façon équitable est tout simplement impossible. Je préfère et de loin avoir une seule occupation à temps plein, soit celle d’être maman, que d’avoir à jongler avec tout ceci en plus de mon travail à l’extérieur de la maison. Tout ce que je fais dans une journée/semaine, j’aurais à le faire de toute façon, même en travaillant 50h semaine (croyez-moi, je l’ai essayé!).
Et vous, qu’est-ce que vous aimez le plus de votre rôle de parent?


Vous avez aimé cet article? Partagez-le sur Facebook!
Econolomommaison, Tous droits réservés Karine Morin 2017

Aucun commentaire:

Publier un commentaire