vendredi 10 mars 2017

Maman à la maison, oui mais...

Il y a 50 ans, ce n’était pas tant un choix que de rester à la maison avec ces enfants. C’était la norme autant qu’aujourd’hui ça l’est de les déposer à 7h à la garderie. La répartition des tâches dans le couple était généralement très claire : l’homme prenait en charge le bien-être économique de la famille tandis que la femme, elle, s’occupait d’élever les enfants et était responsable de l’entretien de la maison et de toutes les autres responsabilités connexes. Depuis le début des années 1980, la majorité des femmes québécoises travaillent et contribuent ainsi au revenu de la famille, ce qui a fait apparaître un déséquilibre dans le partage des tâches au sein du couple. De plus, un phénomène encore jamais vue dans l’histoire de l’humanité est apparu : les 2 parents étant hors de la maison, les enfants ont dû être confiés à quelqu’un d’autre qu’un membre de la famille durant la majorité de la journée. En 2003 seulement, plus de la moitié des enfants (54%) fréquentaient une garderie*. C’est énorme!
En 1965, les femmes commençaient à peine à faire reconnaître leurs droits. L’influence de la religion sur la vie des couples diminuant et l’apparition de l’accessibilité à la contraception a évidemment fait baisser le taux de natalité. Les femmes ont eu plus facilement accès aux études supérieurs et ont commencé à avoir leurs enfants de plus en plus tard, ce qui a aussi eu pour effet de faire baisser le nombre d’enfants moyens par famille (en ayant votre premier enfant à 30 ans et en ayant accès à une contraception fiable, il y a fort à parier que vous n’aurez probablement pas 6 enfants!). Tous ces facteurs ont eu et on encore aujourd’hui une influence sur la présence des femmes sur le marché du travail une fois mères. Intéressant non? Si notre vie reproductive dure moins longtemps, aurait-on ainsi tendance à croire que notre investissement de temps auprès de nos enfants devrait être moins élevé qu’auparavant?
Un autre phénomène relativement nouveau dans le paysage québécois est survenu entre 1968-1986 : le divorce. En facilitant l’accès au divorce, on a libéré des milliers de femmes prisonnières d’un mariage malheureux. C’est en soit une très bonne chose, certes, mais s’attendait-on à en venir à une proportion aussi alarmante qu’actuellement? Probablement pas! Qui dit femme divorcée, dit femme en charge des enfants. La femme au foyer, devant l’augmentation considérable du taux de divorce, se doit d’être palliée à toutes éventualités. Ne pas travailler pourrait être perçu comme un haut risque pour elle et ses enfants en cas de séparation. Et comme on ne peut pas encore nourrir nos chérubins d’amour et d’eau fraîche, les femmes monoparentales ont dû aller travailler à l’extérieur du foyer pour gagner leur pitance. Pendant ce temps, les enfants sont envoyés directement chez la gardienne qui, d’ailleurs, coûte la peau des fesses! Le gouvernement, devant l’ampleur de la situation, a eu la merveilleuse idée de créer des milieux de garde, communément appelés Centre de la Petite Enfance (CPE), afin de s’assurer que tous les petits québécois et québécoises aient une chance égale d’accès à des soins de qualité et ce, peu importe son origine, sa classe sociale ou le fait que ces parents soient séparé ou non. Un système judicieux et révolutionnaire qui auraient pu (et dû!) avoir un impact positif sur notre société de travailleurs en facilitant l’accès aux services de gardes pour les familles à faible revenus ou ayant des besoins particuliers. Pourtant, en 2017, c’est loin d’être la majorité des enfants fréquentent un centre de la petite enfance qui se retrouvent dans l’une au l’autre des situations ci-dessus. Une amie à moi, éducatrice en CPE, me racontait qu’elle voyait des parents venir reconduire leurs enfants en BMW dans son établissement alors qu’il manquait cruellement de place disponible pour des enfants de familles défavorisés du quartier… Le système parfait est rapidement devenu un mode de garde ‘’universel’’ dans la province. Il est tellement devenu facile d’y avoir accès, tellement facile aussi pour les parents de juste y ‘’parker’’ leur enfant du matin au soir! La garderie ne coûte pratiquement plus rien, et de plus, elle est remboursée en partie par l’état si elle n’est pas subventionnée! Est-ce ça le rôle de parent en 2017? S’occuper de ses enfants à temps partiel durant les périodes où la garderie est fermée? Est-ce ça être un enfant en 2017? Vivre dans un local joliment décoré avec 14 autres enfants hurlant, morvant et courant à longueur de journée?
Parce qu’on ne parle pas ici de laisser nos enfants quelques heures par semaines aux bons soins d’une éducatrice... La réalité, c’est que les enfants qui fréquentent un service de garde à temps pleins le font en moyenne 50h par semaines! C’est énorme! Vous croyez réellement que l’on peut arriver à inculqué des valeurs profondes à ses enfants en les voyant 2-3 heures par jours et les fins de semaines? À leurs inculquer le sens réel de la fratrie, à maintenir des liens familiaux solides, incluant la famille élargie? Il semblerait que je ne sois pas la seule à penser que non. ‘’La période du 0-5 ans est très courte, je veux être là pour en profiter, pour accompagner mon enfant et le voir grandir’’ est une phrase que j’ai souvent entendu lors de mes ateliers/conférences auprès de plusieurs mères au foyer québécoises. Être toujours à la course et ne jamais pouvoir profiter réellement de la présence de ses enfants n’a rien d’intéressant. De toute façon, pourquoi avoir envie de faire des enfants si c’est pour les laisser à quelqu’un d’autre le ¾ du temps!
Oui mais il faut bien travailler pour vivre me direz-vous! À ceci je répondrai: tout est une question de choix et de priorité dans la vie. À l’heure actuelle, nous nous retrouvons devant une société de consommation, une morale axée sur l’individualisme et qui mets l’accent sur l’accomplissement personnel plutôt que sur le maintien des liens familiaux solides. Si vous désirez absolument la grosse maison (le bateau, le chalet, les deux voitures neuve, le voyage dans le sud chaque année,etc.), c’est bien certain que vous aurez de la difficulté à rejoindre les deux bouts en réduisant vos horaires de travail à un 3 jours semaines ou en restant à la maison avec vos enfants. Faire le choix d’avoir des enfants, c’est également faire le choix de se mettre pour un temps sur pause, ou du moins au ralenti, afin d’offrir à son enfant une présence précieuse et inestimable financièrement. Pour son avenir à lui, mais aussi pour la votre, croyez-moi.
À la lumière de cette réflexion, je me demande: Comment sera perçu le rôle ‘’normal’’ d’une mère dans 50 ans? Aura-t-on réussi à trouver un équilibre entre devoir parental et responsabilité financière? Parce qu’à tout se taper le boulot seule, soit celui de devoir prendre en charge les enfants, la maison et de ramener l’argent au foyer, la femme-mère moderne n’a pas plus gagné sa ‘’liberté’’!
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Econolomommaison, tous droits réservés Karine Morin 2017

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